2015, UNE ANNEE DECISIVE POUR L’EAU : DU CONSENSUS A L’ACTION (Collège des Bernardins, Paris)

En 2015, l’eau a été enfin reconnue comme une priorité au niveau international à travers les Objectifs de Développement Durable et très présente mais non mentionnée dans l’accord de Paris sur le climat. Quelle place l’eau a t-elle occupé dans l’agenda international d’une année particulièrement riche en évènements majeurs pour le devenir de la planète. (Re)sources a souhaité interroger deux experts : Brice LALONDE, ancien ministre de l’Environnement, conseiller spécial pour le développement durable auprès de l’ONU et porte-parole du PFE pour le climat, et Gérard PAYEN, conseiller du secrétaire général des Nations Unies en matière d’eau et d’assainissement, membre de (Re)sources. Le débat était animé par Pierre VICTORIA, directeur du développement durable de Veolia et membre de (Re)sources.

L’essentiel

  • Les Objectifs de Développement Durable (ODD) qui ont prolongé les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ne concernent plus seulement les pays en développement, mais tous les pays du monde. Ils intègrent le lien indissociable entre la lutte contre la pauvreté et la création d’un monde soutenable.
  • Dans les INDC (Intended Nationally Determined Contributions) de la COP21 et notamment les contributions des pays en développement, 80 % considèrent que la question de l’eau est prioritaire.
  • L’eau n’est pas mentionnée nommément dans l’accord de Paris sur le climat, mais food security, resilience, ecosystem y figurent, l’eau est donc en réalité présente. 
  • Cette année 2015 est historique en particulier parce que l’eau est passée d’une problématique discutée entre acteurs de l’eau à un débat élargi à la société en général et à une échelle mondiale.
  • Les Objectifs de Développement Durable ont complètement changé la situation car d’un sujet un peu secondaire, l’eau est devenue l’un des 17 grands objectifs mondiaux.
  • Les ODD traitent de tous les grands problèmes liés à l’eau : ressources, pollution,gestion des eaux usées, catastrophes liées à l’eau…)
  • Les ODD correspondent à un programme d’action. Ce sont des objectifs ambitieux, quantifiés, accompagnés d’indicateurs de progrès.
  • La grande avancée des ODD est qu’ils permettent de construire des coalitions entre États, notamment fédérés, collectivités locales, entreprises, villes, etc. pour atteindre des objectifs qui sont déclinés en cibles. C’est la grande différence avec la négociation sur le climat où l’état nation est le seul acteur de la scène internationale.
  • Les grands problèmes de l’eau qui figurent dans les ODD sont tous aggravés par le réchauffement climatique : les ressources en eau, la pollution et même l’accès à l’eau dans certains endroits. Si le réchauffement climatique est limité, l’impact sera positif ou non négatif sur les grands problèmes de l’eau. 
  • Il n’existe aujourd’hui en matière d’eau aucune structure onusienne qui permette le suivi de l’ODD eau, dans la mesure où le paysage institutionnel mondial est extrêmement fragmenté pour le secteur de l’eau. Aucune structure intergouvernementale ne supervise, aussi bien les problèmes de ressources en eau, que de pollution, d’accès à l’eau potable et de catastrophes.
  • La prochaine étape pour la mise en œuvre des ODD est de revisiter les politiques nationales pour s’assurer qu’elles s’inscrivent bien dans le sens des objectifs mondiaux qui ont été décidés.
  • Le forum mondial de l’eau constitue la seule grande rencontre multi acteurs au niveau mondial pour tous les aspects liés à l’eau. Il est irremplaçable.
  • Un GIEC de l’eau ou un IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) de l’eau a été avancé dans le cadre de la COP. Une telle organisation serait nécessaire à l’échelle internationale.
  • La COP 22 intégrera davantage la question de l’eau, puisque le Maroc souhaite que les pays africains y soient plus présents.

Il faut préparer la COP22 avec le Maroc, un pays intéressant en ce qui concerne la problématique de l’eau du fait qu’il est confronté aux pénuries d’eau et affiche dans le même temps des capacités économiques non négligeables. La COP22 peut être une occasion de discuter sérieusement des problèmes d’adaptation aux changements climatiques en matière d’eau.

Lire les actes de la Matinale

VIDÉOS DE L’ ÉVÈNEMENT

Interview de Brice Lalonde

Interview de Gérard Payen

Interview de Pierre Victoria

Interview de Philippe Guettier

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