Urbanisation

L'urbanisation effrénée rend difficile l'accès à des infrastructures d'eau et d'énergie de qualité

La croissance considérable des villes dits « en développement » n’est pas accompagnée d’infrastructures et d’aménagements nécessaires pour assurer des conditions de vie décentes aux populations pauvres. Les systèmes de distribution d’eau et d’assainissement urbains sont trop souvent dans un état délabré et ne sont pas en mesure de faire face aux besoins. Malgré ces conditions, le nombre de nouveaux venus ne cesse d’augmenter alors que bon nombre d’entre eux seront exclus de ces services.

Les villes africaines, dont le taux d’urbanisation est le plus élevé au monde, sont dépassées par la vitesse à laquelle s’effectue ce changement. Les villes subsahariennes devront accueillir 340 millions d’habitants supplémentaires au cours des vingt prochaines années. Une estimation des montants d’investissements nécessaires pour les opérations d’aménagement correspondantes s’établit à 45 milliards $ par an.

Intégrer les nouveaux arrivants dans les villes dits « en développement » par une politique foncière adaptée

L’urbanisation, lorsqu’elle se fait de façon non maîtrisée, fragmente la ville et engendre des quartiers informels, non raccordés aux services essentiels. Les politiques foncières des pays dits « en développement » dessinent depuis plus de 20 ans un bilan préoccupant. La part du marché foncier non régulé ou informel aggrave les inégalités face à l’accès aux services essentiels (accès à l’eau, accès à l’assainissement et accès à l’électricité).

Les deux principaux obstacles à l’accès à l’eau des plus défavorisés sont le prix du raccordement et l’interdiction de raccorder les zones informelles. La conséquence directe est que les plus pauvres paient l’eau jusqu’à 50 fois plus cher que les riches qui sont raccordés au réseau (source ONU Habitat).

Comment favoriser l’intégration des populations pauvres à l’économie métropolitaine et comment régulariser pour partie les quartiers informels ? Il s’agit d’un enjeu social et environnemental assez clair qui implique de trouver des solutions pour réformer les politiques foncières et le droit de propriété dans les pays dits « en développement ».

« L’accès aux titres fonciers reste un rêve lointain en Afrique. L’expérience nous invite à encourager la reconnaissance des certificats d’habiter, des permis de résider, des factures d’électricité ou d’eau, ces petits papiers qui donnent droit à la ville, qui donnent droit à la vie »

Alioune Badiane, directeur du bureau des projets, ONU Habitat

Renforcer la légitimité et la compétence des pouvoirs publics locaux pour répondre aux enjeux d'urbanisation

La résolution de bon nombre de problèmes auxquels se heurtent les villes dits « en développement » dépend étroitement des capacités, de la compétence et de la légitimité des institutions et des pouvoirs publics locaux. Force est de constater que la tendance à la décentralisation en cours dans nombre de pays en développement s’est rarement accompagnée du pouvoir fiscal qui permettrait aux autorités locales de financer les investissements pour les infrastructures urbaines. Alors que ces collectivités devront très certainement augmenter leur part relative dans le financement des investissements locaux, l’une des pistes de financement pourrait être l’aménagement et la valorisation du foncier.

« Les drames que nous gérons en matière urbaine sont souvent dus au non-respect des exigences du local par le central ».

Michel Rocard, ancien Premier Ministre et membre de (Re)sources, au colloque (Re)sources en février 2016 sur la croissance urbaine et l’accès aux services essentiels.

Par ailleurs, les organisations de la société civile et plus particulièrement les communautés ont un rôle déterminant à jouer dans l’amélioration de la gestion des politiques urbaines et sur les décisions relatives à l’organisation des infrastructures urbaines.

 » Dans de nombreux pays, la prise de conscience et la volonté d’affirmer que la vision politique est la base, n’existent pas. Nous partons trop souvent de la problématique technique « 

Guillaume Josse, urbaniste et géographe

Repères

* Plus de 50% de la population mondiale vit désormais en ville. L’on prévoit qu’en 2050, où le nombre d’habitants de la planète est estimé à 9 milliards, il y aura alors 6,7 milliards d’urbains, soit plus des 2/3 de la population mondiale.

* En 2050, la population africaine aura doublé et 2 africains sur 3 vivront dans une ville

* 1/4 de la population de l’Ouganda vit dans des zones non autorisées, c’est également le cas dans beaucoup de pays d’Amérique Latine.

* A Mumbaï, 7 millions de personnes, soit environ 54% des habitants, vivent dans des bidonvilles, zones définies à la fois par leur pauvreté et leur illégalité.