9e Forum Mondial de l’Eau à Dakar : en route pour 2023

La 9e édition du Forum mondial de l’eau à Dakar est inédite à plus d’un titre. Premier Forum organisé en Afrique subsaharienne, elle sera l’occasion de mettre l’accent sur les problématiques spécifiques rencontrées par les pays africains et d’identifier des solutions adaptées. Cette édition se tiendra par ailleurs dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 qui a mis en lumière les conséquences du manque d’accès à l’hygiène, à l’assainissement et à l’eau potable qui concerne 30 % de la population mondiale, dont 70 % située en Afrique subsaharienne. Ce Forum s’inscrit enfin dans une séquence multilatérale marquée par la préparation de la revue à mi-parcours de la décennie pour l’eau et le développement et de la première conférence onusienne sur l’eau (New York, 22-24 mars 2023) organisée sous l’égide des Nations unies depuis 1977.

Le 9e Forum mondial de l’eau constitue en effet le deuxième des cinq jalons préparatoires de la conférence onusienne sur l’eau, co-organisée par le Tadjikistan et les Pays-Bas1, après les dialogues sur l’eau de Bonn organisés par l’Allemagne en juillet 2021. Il sera suivi par le sommet sur l’eau Asie-Pacifique (Japon), le symposium de haut niveau sur l’eau en marge de la conférence onusienne sur les océans (Portugal, juin 2022) et la conférence de haut niveau de Douchanbé (Tadjikistan).

Pour la France, l’un des enjeux principaux est de s’assurer de l’appropriation par la communauté internationale du cadre d’accélération pour la réalisation du 6e Objectif de développement durable (ODD6) lancé en 2020 par l’ONU-eau, notamment à travers l’approfondissement et l’opérationnalisation des messages élaborés dans le cadre des dialogues sur l’eau de Bonn. La cohérence et la complémentarité des différents évènements préparatoires sont en effet l’une des conditions de réussite de la future conférence onusienne sur l’eau. À cet égard, le thème choisi par le Sénégal pour le Forum – la sécurité de l’eau et de l’assainissement pour la paix et le développement – et l’attention particulière portée aux solutions de terrain, semblent particulièrement pertinents pour embrasser l’ensemble des problématiques du secteur de l’eau et de l’assainissement, pour lequel la communauté internationale devra prendre des engagements à la hauteur des enjeux. Car c’est bien le défi de cette conférence onusienne : faire un point d’étape, s’engager et agir pour que l’accès universel à l’eau et l’assainissement et la gestion durable des ressources soient effectifs d’ici à 2030.

Fadimata Walet Alitini, utilise la latrine d’urgence que Solidarités International a offert au site des déplacés Dag wantada commune de Doukouria dans le cercle de Goundam au Mali Décembre 2021. @Solidarités International

Nous savons que les stratégies déployées jusqu’à maintenant sont insuffisantes. Près de 2,2 milliards de personnes restent privées d’eau potable, plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à des services d’assainissement adéquats et ne dispose d’aucune installation pour se laver les mains (OMS, UNICEF). En parallèle, près de la moitié de la population mondiale est touchée par des pénuries d’eau sévères, un chiffre qui atteindrait 5 milliards en 2050 (ONU). Dans ce contexte, l’ONU estime qu’il faudrait quadrupler les investissements dans le secteur pour atteindre les 18 cibles de l’Agenda 2030 liées à l’eau dont dépendent tant d’autres enjeux tels que la paix et la sécurité, la santé publique, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’énergie, le développement économique, la lutte contre le changement climatique et la dégradation de la biodiversité. Face à ces constats, il semble indispensable que la communauté internationale et l’ensemble des acteurs se mobilisent.

C’est pourquoi, la France, en ligne avec sa stratégie internationale pour l’eau et l’assainissement (2020-2030)2, plaide pour que la communauté internationale se saisisse de cette opportunité unique pour renforcer le dialogue multilatéral et encourage les décideurs politiques et l’ensemble des acteurs et secteurs d’activités à s’engager résolument en faveur de la réalisation du droit humain à l’eau et l’assainissement et d’un renforcement de la gestion intégrée et concertée à l’échelle des bassins versants, y compris transfrontaliers. L’amélioration de la gouvernance du secteur à toutes les échelles, la sécurisation des ressources dans le contexte actuel de changement climatique, et le renforcement des connaissances et des moyens dédiés au secteur sont des enjeux cruciaux que la France est résolue à porter dans le cadre de la conférence de 2023 et au-delà.

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