CONFÉRENCE (RE)SOURCES | LANCEMENT OFFICIEL DU LIVRE DE (RE)SOURCES

21/03/2018 – L’OCDE

Conférence-débat animée par Marc Guillaume, directeur des Éditions Descartes & Compagnie :

  • Ahmedou Ould Abdallah, ancien ministre des Affaires étrangères de Mauritanie, ancien ambassadeur, ancien haut fonctionnaire des Nations Unies ;
  • Patrice Fonlladosa, président de (Re)sources ;
  • Pierre-Frédéric Ténière Buchot, président du PSEau et membre de (Re)sources ;
  • Allocution d’introduction par Federico Bonaglia, directeur adjoint du Centre de Développement de l’OCDE.

Synthèse des échanges

Le livre Eau, énergie et autres services essentiels, plaidoyer pour une approche intégrée, publié par (Re)sources aux Éditions Descartes & Compagnie, est le résultat d’un état des lieux précis sur l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’énergie dans le monde. L’ouvrage recense 88 propositions pour agir sur trois enjeux liés au développement : la gouvernance, les modes de financement, la connaissance et l’innovation.

Les propositions présentées dans le livre sont tirées des expériences de terrain des experts de (Re)sources. Leur réflexion part du constat que l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’énergie est un pilier fondamental sur lequel repose l’accès aux autres services essentiels (l’alimentation, la santé, l’éducation, etc.). Le lancement officiel du livre a eu lieu le 21 mars 2018, au Centre de Développement de l’OCDE. Ce lieu est emblématique pour (Re)sources et dont la particularité rejoint celle de l’OCDE : traiter en même temps toutes les problématiques d’accès aux services essentiels à travers une approche intégrée.

La situation démographique complexifie l’accès aux services essentiels

Aujourd’hui près de 4 milliards de personnes ont besoin d’un meilleur accès à une eau potable et 4,5 milliards de personnes, c’est-à-dire 60 % de la population mondiale, ne disposent pas de services d’assainissement. La situation est également préoccupante pour l’énergie : 1,4 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. L’accès à ces services essentiels est pourtant un levier majeur pour le développement humain, social et économique. Malgré les améliorations constatées, « les efforts des pouvoirs publics pour tenter de rattraper les choses sont dépassés par la croissance démographique dans certaines géographies » (Patrice Fonlladosa). En Mauritanie, la ville de Nouakchott a été créée en 1957 pour 12 000 à 25 000 personnes ; en 1975, elle comptait déjà 120 000 habitants et aujourd’hui sa population atteint le million. « Au début, à Nouakchott, il y avait un système d’assainissement, mais la démographie l’a dépassé » (Ahmedou Ould Abdallah). Il est en outre plus difficile de mettre en place des transports, un accès à l’eau et l’électricité dans des villes éclatées : « les villes comme Dakar, Abidjan, Nouakchott ne sont,  en réalité, pas des villes, mais une juxtaposition de villages » (Ahmedou Ould Abdallah).

La décentralisation au service des populations locales

« Il est très important de décentraliser les financements et l’organisation des services pour les appliquer au plus près » (Pierre-Frédéric Ténière-Buchot). Auparavant les États organisaient les services pour l’ensemble des collectivités locales, « les plus petites n’étaient que les réceptacles d’une décision prise à des kilomètres d’elles » (Pierre-Frédéric Ténière Buchot). Depuis une dizaine d’années, la décentralisation permet d’impliquer plus directement les acteurs locaux : « le niveau de responsabilité vis-à-vis de ses concitoyens se rencontre sur le terrain, pas à des centaines de kilomètres. Cela rend les choses plus rapides dans leur résolution » (Patrice Fonlladosa). Cette décentralisation permet une meilleure adéquation entre les décisions politiques et les besoins des populations : « il faut associer les populations, l’ensemble des parties prenantes, car vous ne pouvez pas imposer aux gens leur mode de vie » (Patrice Fonlladosa).

Assainissement, encore et toujours le parent pauvre

Bien que plus de responsabilités soient confiées aux acteurs locaux, l’assainissement reste souvent négligé : « vous ne coupez pas un ruban quand vous êtes un politique, que les tuyaux sont enterrés et qu’il s’agit d’assainissement. C’est beaucoup plus simple de couper le ruban devant une école ou une station de traitement […] c’est pour cette raison qu’au sein de (Re)sources, nous avons toujours tenu à associer eau et assainissement » (Patrice Fonlladosa). Renforcer la gouvernance des services de l’eau, de l’assainissement et de l’énergie tant au niveau local, national qu’international constitue la garantie d’une bonne gestion. L’intersection de plusieurs secteurs permet en effet une réflexion plus globale : « essayer, à travers l’urbanisme, la santé publique, le développement durable, la facture d’eau… de trouver les fonds qui seront nécessaires pour faire de l’assainissement simultanément au reste » (Pierre-Frédéric Ténière-Buchot).

L’innovation est au cœur des solutions

Une des pistes innovantes est l’essor des moyens de communication : « la communication doit faire partie des liens qui existent entre l’eau, l’assainissement et l’énergie » (Pierre-Frédéric Ténière-Buchot). La gestion de l’eau et de l’énergie ne doit pas être déconnectée des nouvelles technologies. C’est en effet l’innovation et la connaissance qui permettent d’apporter des solutions, comme le montrent des dispositifs tels que le paiement mobile et les systèmes de « pay as you go » : « Le « pay as you go » avec le téléphone est révolutionnaire » (Pierre-Frédéric Ténière-Buchot) ; « Le développement extraordinaire des téléphones mobiles et des réseaux sociaux est très important. Il est venu comme une révolution » (Ahmedou Ould Abdallah).

Le nexus : pour une approche globale

Les Objectifs de développement durable (ODD) sont catégorisés en 17 axes, « c’est très bien pour l’analyse, ce n’est pas bien pour l’action » (Pierre-Frédéric Ténière Buchot). « Il serait bon d’essayer de faire un travail de recollement et de produire une réflexion collective » (Patrice Fonlladosa). Les ODD doivent en effet s’inscrire dans une logique d’approche intégrée, « nous travaillons de plus en plus à l’intersection des sujets : entre l’accès à l’eau et l’environnement, l’énergie et l’eau, l’énergie et la sécurité alimentaire » (Federico Bonaglia). L’objectif est de développer une approche nexus, c’est-à-dire qui s’intéresse à la totalité des problèmes. Il est important de « montrer le nexus, le côté interpénétré de ces trois éléments. L’eau sans l’assainissement n’existe pas, l’eau sans l’énergie non plus. » (Patrice Fonlladosa). L’approche globale des sujets va de pair avec l’implication de tous les acteurs. « Le plus important, c’est cet appel à agir ensemble » (Ahmedou Ould Abdallah).

L’idée principale des experts de (Re)sources est que les solutions naissent de la combinaison entre les expériences et les savoirs. Les services essentiels dépendant souvent d’acteurs différents qui ne se coordonnent pas, et le morcellement à tous les échelons constitue un frein à la gestion d’un accès universel à ces services. À travers les 88 propositions du livre, (Re)sources promeut une approche intégrée des problématiques de l’eau, de l’assainissement et de l’énergie et démontre que des solutions existent

Présentation de l’OCDE et de son centre de développement

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a été créée en 1961 pour succéder à l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) issue du plan Marshall. Son centre de développement a été fondé en 1962 sous l’impulsion du Président des États-Unis, John Fitzgerald Kennedy. Il pensait alors nécessaire de promouvoir, au sein d’une organisation réunissant des pays riches, un espace pour discuter de l’impact des politiques de développement économique et social dans les pays du Sud. Ce lieu de partage et de discussion réunit 52 pays, dont 27 sont membres de l’OCDE et 25 sont des pays en développement. Depuis l’arrivée de José Ángel Gurría au poste de secrétaire général en 2006, le centre de développement de l’OCDE travaille autour de trois sujets majeurs : la migration, la santé et l’eau. Il privilégie une approche pluridisciplinaire, en partenariat avec des acteurs du secteur public et du secteur privé comme par exemple le think tank (Re)sources.

VIDÉOS DE L’ÉVÈNEMENT

Lancement du livre (Re)sources

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