PATRICE FONLLADOSA : « IL NE PEUT Y AVOIR DE DEVELOPPEMENT DURABLE SANS ACCES AUX SERVICES ESSENTIELS » (Paris)

A l’occasion de la Conférence de RIO+20, Patrice Fonlladosa, Président de (Re)sources, rappelle qu’il ne peut y avoir de développement durable sans accès aux services essentiels.

Alors que s’ouvre Le sommet des Nations Unies sur le développement durable à Rio, l’enjeu pour la planète est de s’engager sans plus attendre dans « l’économie verte », c’est à dire un développement dicté par un découplage entre croissance et consommation des ressources. Pour cela il faut définir une nouvelle gouvernance mondiale qui permette d’avancer vers l’éradication de la pauvreté tout en allégeant la pression sur les ressources. 

Des Objectifs de Développement Durable pourraient prendre le relais des Objectifs du Millénaire.

Quelles que soient les négociations, les divergences, ces nouveaux objectifs devront inclure la question de l’accès aux services essentiels – l’eau, l’assainissement, l’électricité. Sans accès à ces services de base, aucun développement durable n’est viable.

Depuis sa création il y a 7 ans, le think tank (Re)sources s’attache à être force de proposition sur ces problématiques, dans le contexte de croissance démographique et d’urbanisation intense que connaissent les pays en développement. Quelles sont ces propositions ?

Faire du droit à l’eau et à l’assainissement une réalité

La reconnaissance au niveau international du Droit à l’eau et à l’assainissement dans les droits fondamentaux des personnes a été une première étape, qui contribue à mettre la pression sur les Etats. Aujourd’hui, une définition précise de l’assainissement est nécessaire pour que son Droit puisse avoir un contenu réel.

S’engager résolument vers un nouvel optimum « eau-energie » en faveur de l’accès de tous aux services essentiels

Parce qu’il n’y a pas d’eau propre sans énergie ni de production d’énergie sans eau, il est indispensable de progresser vers un usage plus sobre de ces deux fluides, de changer les comportements par de l’information et de la sensibilisation, de donner la priorité aux financements de projets qui privilégient l’efficacité énergétique et d’évaluer, pays par pays, les besoins en eau et en énergie selon le type d’usages. Tout cela doit s’opérer sous l’impulsion de politiques incitatives et contraignantes de la part des pouvoirs publics.

Lutter contre le recul de l’accès aux services essentiels dans les villes du sud

Près d’un milliard de personnes dans le monde vivent dans des quartiers informels, des zones de non-droit sans accès aux services de base, ce qui représente 35% de la population urbaine mondiale. S’y concentrent ce qu’on peut appeler « les pénalités de pauvreté » : logement précaire, surface habitable insuffisante, insécurité d’occupation foncière et déficience de l’accès à un approvisionnement en eau, en assainissement. Les opérateurs de services publics sont souvent confrontés à l’interdiction des autorités publiques de desservir ces quartiers. La conséquence est le développement d’une économie informelle, où les populations pauvres paient l’eau jusqu’à 10 fois plus cher que les riches dans les quartiers desservis. Parce que la sécurisation foncière est une condition majeure de l’accès à l’eau dans les quartiers informels, des solutions pragmatiques doivent être trouvées : privilégier la sécurisation de l’occupation plutôt que le droit de propriété, reconnaître et aménager des axes de voieries dans les quartiers informels, pour rendre possible l’installation de réseaux de canalisations.

Plus généralement, pour que les collectivités locales aient les moyens fiscaux, financiers, administratifs et politiques d’agir pour le développement territorial, les institutions internationales, les Etats et les gouvernements doivent reconnaître celles-ci comme le maillon central de décision et leur donner les moyens d’assurer leur développement et une urbanisation durable.

De même, parce que l’aménagement urbain est au centre du débat démocratique et des relations entre groupes sociaux, les comités de quartiers doivent avoir toute leur place dans les dispositifs de consultation et de codécision des projets de développement d’infrastructures urbaines.

Pour que de telles solutions soient mises en oeuvre, il faut des choix politiques, économiques et sociétaux forts et assumés par les nations. Ensuite, ces choix doivent être appliqués à l’échelle locale, par des synergies entre tous les acteurs : pouvoirs publics, opérateurs, bailleurs de fonds, société civile. Il faut encourager les rapprochements, les partenariats, afin d’imaginer et de mettre en œuvre les leviers d’action sur le terrain.

Il faut enfin une impulsion internationale forte. A ce titre, (Re)sources encourage la création d’une organisation mondiale de l’environnement, avec un mandat politique clair.

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