(RE)SOURCES AU DERNIER FORUM MONDIAL CONVERGENCES ( Palais Brongniart (salle des engrenages) – 13h00-14h30 )

(Re)sources a co-organisé avec Convergences une session sur l’accès à l’eau et à l’énergie dans les villes en développement  le mardi 6 septembre de 13h00 à 14h30 au Palais Brongniart avec :

Laurence Breton-Moyet, directrice des opérations à l’AFD

Laure Criqui, chercheure en développement urbain à l’IDDRI et présidente du réseau Projection,

Pierre Jacquemot, président du GRET

– Gilbert Houngbo, directeur général adjoint pour les programmes extérieurs et les partenariats à l‘Organisation Internationale du Travail , ancien Premier ministre du Togo; ancien directeur du PNUD Afrique –  membre de (Re)sources

Luc Rigouzzo, président de Améthis Financemembre de (Re)sources

Le débat était animé par Patrice Fonlladosa, président de Veolia Africa et Veolia Middle-East et président de (Re)sources.

Chaque année depuis 2008, le Forum Mondial Convergences est un lieu unique de rencontres entre le secteur public, le monde de l’entreprise, la société civile, le secteur académique et les médias qui souhaitent s’engager vers un monde « Zéro exclusion, Zéro carbone, Zéro pauvreté ». Cette 9e édition du Forum Mondial Convergences a réunit 8000 participants et plus de 350 intervenants venus du monde entier dans un espace de réflexion unique, plaçant la co-construction au cœur de son approche.

Pour plus d’informations sur le Forum Mondial Convergences

L’ESSENTIEL DU DEBAT

Le phénomène urbain en chiffres

  • L’année 2008 a été un point de basculement pour les villes : c’est l’année où le nombre d’habitants des villes dans le monde entier a dépassé celui du monde rural. C’est un phénomène aujourd’hui inéluctable et qui continue de progresser, puisqu’en 2050, plus des deux tiers de la population mondiale vivra en ville. 95% de cette croissance aura lieu d’ici 2030 dans les pays en développement.

Articuler la gouvernance urbaine entre l’échelle internationale, nationale et locale

  • Les ressources et les efforts ont, aujourd’hui, de plus en plus tendance à se focaliser au niveau local, ce qui produit des résultats plus tangibles tout en permettant de mesurer l’impact sur le développement et l’accès aux services essentiels.
  • Le rôle que doivent jouer les autorités nationales dans la conversion de la gouvernance et des conventions internationales au niveau local, est essentiel.
  • Ce que l’on considère au niveau des Nations Unies comme une avancée, bien qu’il ne s’agisse que d’une étape, est l’adoption des cibles et le débat sur la manière de mesurer l’impact au niveau de l’eau, de l’énergie et des autres besoins essentiels. 

Organiser le territoire et les relations entre les parties prenantes

  • La participation des habitants à leur accès aux services ne doit pas constituer une manière, pour les pouvoirs publics, de se décharger de leurs responsabilités auprès des habitants afin qu’ils prennent eux-mêmes en charge l’accès aux services.
  • Il existe une série de dispositifs d’animation, d’observation, d’intervention pour accroître la qualité du service en fonction des besoins exprimés par les bénéficiaires. Cela suppose de bien définir le rôle de l’État – régulation, clarification –, la place des uns et des autres, le rôle de  la collectivité locale en tant que maître d’ouvrage et celui de l’opération, l’entreprise qui met en œuvre.
  • Nous observons une montée en puissance du rôle que jouent les collectivités à la fois en tant que gestionnaires des services, parfois, mais aussi en tant qu’animateurs d’un certain nombre de débats sur la structuration et la conception de ces services.
  • En tant qu’organisateur de dialogues avec les citoyens et les parties prenantes, la collectivité locale, dans la conception de la notion de services, qui ne sont pas que des tuyaux, mais une notion qui recouvre la qualité et la nature du service, peut également jouer un rôle.
  • Les pouvoirs publics, sont responsables de l’aménagement du territoire et de l’intérêt général, doivent dépasser la somme des intérêts particuliers et parvenir à préserver cet espace afin d’étendre progressivement les services. C’est ce qui s’est passé à Lima, dans les années 1960, où aujourd’hui, 95 % des habitants ont accès au réseau d’eau, malgré toutes les pentes en pierre de la Cordillère des Andes, et ce, parce qu’il y a eu un certain respect de ces espaces publics. 
  • La communauté internationale doit se mobiliser pour prendre en compte une gouvernance des démocraties participatives.
  • Il y a trois actions : le renforcement des capacités, la question de la participation en termes de partenariat au développement du pays et enfin, la responsabilité du gouvernement local.

Financer les infrastructures urbaines

  • 95% de la ressources est locale, endogène et privé. Pour la mobiliser, il faut trouver une forme de rentabilité, comme en micro-finance, sinon, au nom de la générosité, nous condamnons nombre de pauvres à ne pas avoir accès aux services essentiels.
  • L’intégralité des transferts extérieurs, c’est-à-dire la somme de l’aide publique au développement, des émissions obligataires, des flux des migrants, s’élève à 8 %. L’aide publique au développement représente 2,2.
  • Il y a chez les pauvres une capacité de payer un service que l’on ne retrouve pas nécessairement chez d’autres catégories sociales.
  • En microfinance, la  paysanne d’un village du Niger qui, grâce à un prêt à 40 à 60 % par an, achete une chèvre, achete un objet avec un taux de rendement de 400 %, qui peut changer sa vie. La problématique est assez similaire pour les personnes qui n’ont pas accès à l’eau et à l’énergie.
  • En termes de fiscalité, on peut être d’accord avec la position de l’AFD sur le formidable gisement fiscal que représentent le foncier et d’autres transactions, mais la réalité est que les systèmes fiscaux, en l’état actuel des choses, sont encore très défaillants. On se repose donc largement sur la tarification.
  • La démarche de certification citoyenne vise à contrebalancer au bénéfice des usagers une certaine forme de pouvoir et un contrôle, notamment sur le service et sur la tarification.
  • Dans des contextes de péréquation, 70 % des personnes continuent de ne pas avoir accès à l’énergie, puisque dans des pays où il y a 80 % de pauvres, les 20 % autres ne peuvent pas faire aboutir la péréquation.
  • Il faut donc accepter des systèmes duo avec des formes de péréquation dans les grandes villes, qui pèsent de plus en plus lourd, et dans les zones décentralisées, des gens qui paieraient sensiblement plus cher qu’en ville. A défaut, on ne peut espérer l’accès pour tous.
  • L’AFD est dans une dynamique de diversification des modalités de financement et où les financeurs tentent également de travailler avec les banques locales, qu’elles soient privées ou publiques, pour des lignes de crédit.
  • Le concept d’économie populaire et urbaine révèle qu’il existe un dynamisme entrepreneurial dans ce secteur un peu diffus, apparemment mal réglementé, mais qui, en fait, obéit à des règles précises, facteurs d’emploi et d’innovation.
  • Le modèle d’entrepreneuriat, en termes de responsabilités, de recouvrement des coûts, donc de tarification adaptée, d’entrepreneuriat social, c’est-à-dire d’implication en termes de responsabilité vis-à-vis des bénéficiaires, est un concept particulièrement fort.

Impact du changement climatique

  • Selon les Nations unies, il faut mobiliser plus de 70 Md$, sur la période 2010 à 2050, pour répondre aux besoins d’adaptation des territoires. Une vingtaine de ces 70 milliards concernent l’approvisionnement en eau et la gestion des inondations.
  • L’AFD a financé pour 450 M€ des projets d’adaptation, essentiellement des projets dans le secteur de l’eau dans les villes, avec une montée en puissance très importante de la gestion des inondations.
  • Les bailleurs de fonds sont les seuls à pouvoir réellement tester des modèles que le secteur privé ne peut pas tester pour construire des villes plus efficientes.
  • A l’échelle de la ville, il est très rare qu’il y ait une véritable projection dans l’avenir et donc, un ordonnancement correct des actions à mettre en œuvre, avec une participation et une implication forte des parties prenantes.

Lire les actes du débat

Lire l’interview de Laurence Breton Moyet, AFD

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