[TRIBUNE] LES MÉGALOPOLES SONT-ELLES PRÊTES AU DÉFI DE L’ACCÈS À L’EAU POTABLE ?

ALORS QUE LES INVESTISSEMENTS VISANT À DÉVELOPPER LES INFRASTRUCTURES NÉCESSAIRES À CONTRER LES SITUATIONS DE RISQUES DE « STRESS HYDRIQUE » SONT AUJOURD’HUI LARGEMENT INSUFFISANTS, LE RECOURS À L’EAU EN BOUTEILLE FAIT FIGURE DE SOLUTION TRANSITOIRE POUR LES CLASSES MOYENNES DES PAYS ÉMERGENTS.

Le monde a soif : près de 1,7 milliard d’êtres humains, soit une personne sur quatre, se trouvent déjà en état de « stress hydrique grave », selon un rapport publié en août dernier par le World Resources Institute (WRI). Et même si des solutions existent et sont utilisées parfois à très grande échelle -dessalement, Re-Use – la pénurie engendre dans certaines régions du monde une cascade sans retour : insécurité alimentaire, conflits armés, migrations, instabilités financières…

UN STRESS HYDRIQUE RENFORCÉ PAR L’EXPLOSION URBAINE

Des conséquences dramatiques, qui le seront encore davantage avec l’urbanisation croissante de nos sociétés. Car si le monde est un village, notre planète ressemble de plus en plus à une immense métropole. Plus d’un humain sur deux (55 %) est, en effet, un citadin. En 2050, les centres urbains concentreront près de 70 % de la population mondiale et la planète comptera plus d’une quarantaine de mégalopoles de plus de 10 millions d’habitants, dont une quinzaine, comme Le Caire, Lagos ou Kinshasa, dépasseront même les 20 millions de résidents.

Cette urbanisation galopante se constatera principalement dans les pays d’Asie et d’Afrique, avec doublement de la population en moins de 30 ans. L’Inde, le Nigeria et la Chine concentreront, à eux seuls, plus d’un tiers de la croissance de la population urbaine. Pour quels effets sur la gestion de l’eau ? Comment s’y préparent ces gigantesques aires urbaines ?

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DE L’AFRIQUE À L’ASIE, LE MANQUE D’EAU POTABLE TUE

L’Afrique reste la région la plus directement menacée par les pénuries et celle ou l’expansion démographique est la plus notable, près de 4 % par an. L’explosion démographique, l’urbanisation sauvage et le nécessaire développement agricole croissant pour subvenir aux populations se conjuguent, aspirant jusqu’à la dernière goutte des réserves, déjà critiques, du continent.

En cause également, la faiblesse continue des investissements dans le secteur alors que les besoins des populations sont chiffrés et connus. Mais la mauvaise qualité, chronique, des infrastructures liées à l’eau peine à positionner ces investissements en tête des agendas de politiques publiques. Les États africains ne dépensent ainsi que 2 % de leur PIB dans le secteur, contre 8,8 % en Chine. Entre 2016 et 2018, les secteurs africains de l’eau n’ont réussi à mobiliser que 13 milliards de dollars en moyenne. Il en aurait fallu entre 56 et 66 milliards.

Par Patrice Fonlladosa

Président Afrique du CEPS (Centre d’études et de prospectives stratégiques), ancien président du comite Afrique du Medef international, ancien PDG Veolia Africa and Middle East et président du think tank (Re)Sources.

Source : https://www.jeuneafrique.com/911637/economie/tribune-les-megalopoles-sont-elles-pretes-au-defi-de-lacces-a-leau-potable/

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