BENOIT MIRIBEL : L’EAU INSALUBRE TUE ENCORE PRES DE 4 MILLIONS DE PERSONNES CHAQUE ANNEE (Paris)

L’eau est source de vie lorsqu’elle est saine et préservée. Mais il est important de rappeler que l’eau peut aussi véhiculer des agents infectieux qui provoquent  des maladies hydriques et tuent de façon dramatique.  

Les enfants et les adolescents, du fait d’un système immunitaire fragile, sont les premières victimes de l’eau pathogène. Sur 3,6 millions de personnes qui succombent chaque année des suites de maladies liées à l’eau ou à un environnement insalubre, près de 3 millions sont âgées de moins de 15 ans. Et selon l’Organisation Mondiale de la Santé, plus de 1,5 million d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de diarrhées dues à une eau insalubre. 

Les plus pauvres s’avèrent également être les populations urbaines les plus exposées aux risques de contamination car ils vivent dans des zones propices aux inondations et aux eaux stagnantes souvent mêlées aux déchets de toutes sortes. Malheureusement, les infrastructures sanitaires n’arrivent pas à suivre la croissance démographique dans les bidonvilles qui comptent aujourd’hui un tiers de la population des pays pauvres.

La moitié des habitants de notre planète n’ont pas accès à une eau potable et ne disposent pas d’un assainissement approprié. Or l’on sait que les efforts entrepris pour améliorer l’eau, l’hygiène et l’assainissement ont un impact immédiat sur la santé. L’installation de simples latrines dans les villages permet par exemple de préserver les populations des risques de contamination fécale de l’eau et de réduire le nombre d’infections.

L’éducation et les actions de sensibilisation sont essentielles pour expliquer le lien entre une eau insalubre et les maladies hydriques. Des gestes aussi simples que le lavage régulier des mains avec du savon et le stockage de l’eau de boisson produisent des résultats considérables en termes de santé à l’échelle d’une communauté villageoise. La sensibilisation à la gestion de l’eau et de l’assainissement, à l’éducation et à l’hygiène, sont des actions qui nécessitent souvent davantage de temps que la réalisation technique d’ouvrages d’eau aménagés. Elles doivent être mises en œuvre avec l’engagement des responsables communautaires, dans le respect du contexte local et avec des moyens appropriés tout en impliquant les autorités publiques locales ou nationales pour maximiser l’impact auprès des populations.

On peut souligner les efforts de la communauté internationale accomplis durant les deux dernières décennies en faveur de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Le droit à l’eau est une réalité et les Forums Mondiaux de l’Eau montrent que les acteurs publics et privés ont réussi lorsque nécessaire, à dépasser leurs propres intérêts, pour faire de l’eau et de l’assainissement un enjeu majeur du développement humain et de préservation de l’environnement. La désignation récente d’une Journée Mondiale des toilettes, comme celle du 19 novembre, contribue à une véritable prise de conscience autour de ces enjeux et favorise l’engagement de moyens plus conséquents en faveur de l’assainissement et de la santé publique.

Si l’eau et l’assainissement figurent désormais dans la liste des principaux Objectifs de Développement Durable, il manque à ce jour un indicateur crucial dans les cibles : celui de l’hygiène. Il est clair que l’assainissement universel ne pourra être complet sans l’intégration d’un indicateur spécifique sur l’hygiène.

Les moyens internationaux restent encore globalement insuffisants au regard des enjeux et des risques pour gagner la bataille contre l’eau insalubre qui tue aujourd’hui plus que toutes les guerres dans le monde.

Investir dans la qualité de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, c’est permettre à des millions de personnes de vivre dignement. C’est aussi accroitre notre santé globale car face aux agents infectieux qui se propagent sans cesse à travers les maladies hydriques, ce combat concerne notre santé à tous !

Benoît Miribel, Directeur général de la Fondation Mérieux, Président d’honneur d’Action contre la Faim et membre de (Re)sources.

Crédits photo © Sébastien Patron

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