COMPRENDRE LA RÉALITÉ CULTURELLE DE L’ACCÈS AUX TOILETTES

2,4 milliards d’individus – soit 32% de la population mondiale – n’ont aujourd’hui pas accès à des toilettes décentes. Parmi elles, 600 millions de personnes partagent des latrines avec d’autres foyers, et près d’un milliard défèquent à l’air libre, une pratique en augmentation en Afrique subsaharienne et en Océanie du fait de la croissance démographique. Ces chiffres peuvent surprendre ceux qui les ignorent encore.

Le succès de la mise en place des toilettes est avant tout lié à la prise en compte des enjeux culturels. Bien trop souvent, l’acceptabilité sociale, c’est-à-dire l’adhésion au projet par les communautés concernées, est minimisée ou ignorée dans le cadre de projets réalisés par des acteurs extérieurs. Les futurs usagers peuvent réagir négativement à l’égard d’un dispositif d’assainissement lorsque celui-ci leur est imposé pour des raisons hygiénistes dont ils ne sont pas coutumiers… Dans ce cas, les détournements d’usage sont fréquents et l’installation de toilettes peut s’accompagner de l’hilarité de ceux qui n’en voient tout simplement pas l’utilité.

Un autre aspect culturel fort est celui de la distinction du genre. Séparer les toilettes des hommes de celles des femmes dans les lieux publics, et plus encore à l’école, est une mesure pratique encore peu observée dans beaucoup de pays qui répugnent à se préoccuper de dispositions dont ils ne comprennent pas toujours l’intérêt ou l’enjeu. Bien souvent, les jeunes filles ne vont pas à l’école s’il n’existe pas, pour elles, de toilettes distinctes de celles des garçons. Au Pakistan, la mise en place de deux toilettes dans un certain nombre d’écoles a permis d’accroître le taux de scolarisation des filles de 11 %* !

Face aux immenses problématiques de santé publique, le sujet des Toilettes a progressivement été mis en lumière. Depuis le 19 novembre 2001, la « Journée Mondiale des Toilettes » (World Toilet Day) a commencé à transformer ce qui avait jusque-là été perçu comme un sujet profondément privé et tabou. Lors de cette journée, l’UNICEF et un nombre croissant d’acteurs du secteur public et privé louent les efforts tangibles de ceux qui, dans le monde, s’occupent d’assainissement et d’hygiène. Si les toilettes sont devenues l’objet d’une plus forte prise de conscience, la réalité ne s’en trouve pas pour autant dramatiquement changée pour des milliards d’individus. Car tant que cette question restera hautement taboue, même au sein des prestigieuses Nations Unies, elle ne pourra susciter la mobilisation du politique, pivot essentiel pour pouvoir prendre des dispositions concrètes dans ce domaine.

Alors continuons à nous mobiliser pour des toilettes pour tous !

*rapport Wash for School Children (Unicef)

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