L’Eau, d’abord…et avant tout !

Enfin … Dans moins de 30 jours va s’ouvrir la Conférence (très) attendue des Nations Unies sur l’Eau, à New York. Une ville américaine de plus de 8 M d’habitants, qui connait un taux de NRW (non revenue water) supérieur à … 40% ! Sérieux ? Oui, c’est ici que vont se dérouler, près de 50 ans plus tard, les entretiens réunissant les nombreuses parties prenantes, politiques, ONG, société civile, scientifiques et universitaires, institutions et financiers, secteur privé, qui vont tous partager l’état de ce secteur vital, les enjeux et proposer -on l’espère- des solutions.

Le co-président de la Conférence mondiale sur l’économie de l’Eau, Mr Shanmugaratnam, le rappelait encore il y a quelques jours : la demande en eau devrait dépasser l’offre de plus de 40% d’ici 2030, autant dire à peine demain. Et la très intéressante étude du Pacific Institute sur les conflits liés à l’Eau révèle par ses statistiques rigoureuses une centaine de conflits entre 1960 et 2010, puis une accélération de 2010 à 2021 comptabilisant plus de 800 affrontements de plus en plus violents, avec pour la seule année 2021 un chiffre record de 124 incidents, principalement en Asie et sur le continent africain. Il n’y a donc aucune raison pour que le sujet de l’Eau et de l’Assainissement ne soit pas remis au premier rang des priorités publiques. Même si d’autres menaces sont venues ces dernières années bousculer le rang d’urgences de l’action publique et privée : impact du covid, avec la réallocation des moyens financiers dédiés à d’autres secteurs, systèmes alimentaires et agriculture bouleversés, les guerres en résurgence inattendues…. C’est bien aux « 8 milliards d’actionnaires » -comme le dit M.Csaba Korosi, Président de l’Assemblée générale des Nations unies- qu’il va falloir rendre des comptes à court terme. En 1950 2,6 milliards d’habitants, 8 milliards en novembre 2022 et plus de 10 milliards à l’horizon 2100, voilà des chiffres et une trajectoire qui remettent simplement et en transparence notre responsabilité collective. Oui, nous savons, les scientifiques nous le répètent et alertent de concert avec nombre d’acteurs de la société civile.

Déplacés s’approvisonnant en eau. Région de Muhajeria, Sud Darfour. @WilliamDaniels/SolidaritesInternational

La Conférence va concentrer ses thèmes d’études et de dialogues sur 5 sujets majeurs, tous issus des travaux préparatoires entamés depuis plus d’un an : Santé/Développement/Climat/Coopération/Plan d’action à 10 ans. Ils sont le fruit d’un travail considérable de préparation aux multiples contributions, chacun se voyant détaillé les priorités exhaustives à privilégier dans ce dialogue ouvert, à l’instar par exemple de la Santé abordé sous l’angle lié de l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Un trio heureusement réuni. Ou autre exemple, le Développement qui associe le nexus eau/énergie/alimentation. Les visions ont largement progressé et la transversalité , l’interconnexion des réalités de terrain semble mieux appréhendée. Ecouter le terrain , oui, persuader les parties prenantes au premier rang desquelles, à parts égales disons-le, les politiques et le bailleurs de fond. Voilà l’un des enjeux majeurs qui -c’est incontestable- progresse. Mais est-ce vraiment suffisant ? 1 personne sur 3 n’a toujours pas accès à une eau salubre … Maintenant, il faut agir.

Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU appelle à un « plan d’action audacieux ». Parce que les constats sont faits, et maintenant plus personne ne peut prétendre « ne pas savoir », chacun sait que « chaque goutte compte ». Alors à New York, gageons que du dialogue aux actes, un pas réel sera -enfin- franchi.

 

Patrice Fonlladosa

Président thinktank (Re)sources

Patrice Fonlladosa est un expert en Environnement, avec plus de 35 ans d’expèrience comme cadre dirigeant au sein d’entreprises leaders mondiales dans le développement, la construction et l’exploitation d’infrastructures.
Patrice est l’ancien président-directeur général de Veolia Afrique/Moyen Orient, un groupe couvrant plus de 10 000 employés et 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires lors de son départ en 2019, couvrant plus de 12 pays
Il a précédemment été impliqué dans la gestion et le développement de Veolia- Transdev (membre du CA) puis Veolia Eau (membre du Comité Exécutif), introduisant de nouveaux partenariats avec diverses parties prenantes stratégiques, y compris les institutions financières de développement (IFC, Proparco…), et les investisseurs institutionnels (Mubadala, Qatari Diar et bien d’autres).

Patrice a une expérience approfondie des PPP (partenariats public-privé) et des contrats de long terme dans des environnements réglementaires complexes. Il a été membre de plusieurs conseils d’administration dans plus de 8 pays, dont la présidence d’une société cotée (SDC en Oman).

Avant de passer plus de 24 ans chez Veolia, Patrice a été directeur financier de Matra Transport Taiwan et chez Bouygues Travaux Publics.
En plus de ses rôles professionnels, Patrice a siégé pendant plusieurs années comme administrateur au CA de l’AFD (l’Agence française de développement) et du MEDEF. Il a également été président Afrique et vice-président du Conseil des affaires franco-saoudiennes du MEDEF International.

Actuellement président du think tank (Re)sources, il conseille des organisations publiques et privées sur le développement international et la gouvernance à travers son propre cabinet de conseil PFoAMe. Il est également administrateur indépendant dans plusieurs CA et Conseiller du Commerce Exterieur. Patrice est diplômé de l’IFG (1982), père de quatre enfants et Chevalier de la Légion d’Honneur.

 

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