Loïc Fauchon : l’accès à l’eau, une nouvelle prise de conscience

Le président du Conseil mondial de l’eau (*) Loïc Fauchon revient, dans cette interview accordée à Gomet’, sur les conséquences de la crise sanitaire mondiale. L’eau, qui sert à l’hygiène, est indispensable aux premiers gestes barrières. Une nouvelle prise de conscience qu’il juge salutaire.

Comment le Conseil mondial de l’eau a fait évoluer son organisation durant la pandémie de coronavirus ?

Loïc Fauchon : Notre organisation n’a pas été surprise par la pandémie car elle travaille naturellement dans un contexte international en télétravail et en téléconférence. Les changements ont été mineurs. Nous avons continué à tenir les réunions qui réunissent le bureau du Conseil tous les 15 jours. Le principal impact a concerné la quinzaine de collaborateurs qui ont été placés en télétravail. On a vécu cette période sans perte d’efficacité. Le board que nous réunissons deux à trois fois par an physiquement s’est tenu en juin en visioconférence avec traduction simultanée. Cela s’est très bien passé car les gens ont l’habitude de ce type d’outils et de réunions à distance. Pour résumer, en terme d’organisation, cette période été plutôt ordinaire. Et nous avons gardé le contact régulier et étroit avec nos membres grâce à notre newsletter interactive.

Pouvez-vous nous rappeler comment est constitué le Conseil mondial de l’eau ?

Loïc Fauchon : Oui. Le siège du Conseil mondial de l’eau se situe à Marseille depuis 25 ans. Il est constitué par 400 membres qui sont des grandes institutions internationales comme la Banque mondiale, les banques de développement, comme les organisations multilatérales de développement à l’instar en France de l’Agence Française du développement. Nous comptons aussi parmi nos membres les agences de l’Onu, la FAO, l’Unesco, des organisations qui pèsent énormément dans la vie internationale.

Ensuite, ce sont environ 60 gouvernements, et pas des moindres. Il y a l’essentiel de ceux qui font les affaires de la planète, de l’Asie à l’Europe en passant par les Amériques et l’Afrique. Parmi ces gouvernements, il y a ceux qui participent au G7 ou au G20. Une kyrielle d’organisations professionnelles liées à l’eau sont aussi adhérentes, avec des structures scientifiques, les grandes universités parmi les plus pertinentes et les plus réputées au monde, des grandes entreprises publiques et privées et enfin tout le réseau d’ONG comme WWF, Nature Conservancy, I’UICN. Donc, c’est un tour de table extrêmement important et varié qui n’est pas du tout représenté par le secteur privé comme cela a pu être dit injustement.

En terme d’agenda et de feuille de route, est-ce que la pandémie de coronavirus, qui se poursuit, a des conséquences sur le Conseil mondial de l’eau ?

On a vu en effet l’agenda international se modifier très sensiblement avec l’annulation ou le report des grands événements mondiaux

Loïc Fauchon

Loïc Fauchon : Pas à pas, on a vu en effet l’agenda international se modifier très sensiblement avec l’annulation ou le report des grands événements mondiaux. C’est ainsi le cas à Marseille pour le Congrès mondial de la nature de l’IUCN qui a été reporté au début de l’année prochaine. Des événements qui se déroulent chaque année ont été purement et simplement annulés, les organisateurs préférant passer directement à l’édition de l’année prochaine comme la semaine de l’eau de Stockholm, l’une des plus réputées. Concernant le Conseil mondial de l’eau, les contraintes actuelles gênent l’organisation du prochain Forum mondial de l’eau. C’est l’un de nos principaux outils. Il est organisé tous les trois ans. Souvenons-nous qu‘il s’est tenu en 2012 à Marseille. La prochaine édition aura lieu en mars 2021 à Dakar au Sénégal.

Cette édition est-elle remise en cause ?

Loïc Fauchon : Non pas à cet instant. Mais un Forum mondial, c’est d’abord deux grosses années de travail durant lesquelles on se réunit sur les thèmes, les géographies, les sujets sensibles. Et petit à petit, à coups d’événements préparatoires, une douzaine au total, qui se déroulent à travers le monde, le Forum prend forme. On va par exemple faire un événement préparatoire sur le financement de l’eau. Une banque d’Amérique du sud va l’organiser et le
monde entier suivra. Et puis ensuite on va organiser un autre événement sur les désastres liés à l’eau. Les Coréens invitent les membres à travailler sur le sujet, etc. Les résultats de ces rencontres sont ensuite rapportés au Forum. Notre difficulté c’est que pour le moment 10 de ces 12 rendez-vous sont reportés ou annulés.

lire la suite

Source : Gomet

Partager cet article

Copier le lien de l'article

Copier