L’URGENCE ET LE DÉVELOPPEMENT : CE QU’IL RESTERAIT À FAIRE

Avec Pierre-Frédéric TENIERE-BUCHOT, Alain BOINET, Tatiana THIEME et Bertrand GALLET 

Que ce soit pour l’eau, l’énergie, les déchets, l’hygiène et la santé publique, l’urbanisme et les transports, la préservation des milieux naturels ainsi que les moyens auxquels on recourt pour tenter de les gérer mieux dans les zones pauvres de la planète, on rencontre de très grandes difficultés.

Deux situations donnent lieu à des approches très distinctes de la part des acteurs soucieux d’intervenir :

  • Les situations où l’urgence d’apporter une aide s’impose. En mobilisant très rapidement des moyens importants, les acteurs (souvent des OSC en relation étroite avec des institutionnels publics nationaux ou internationaux) parent au plus pressé : santé publique, aides de premier secours, sécurité. Les exemples fréquents les plus typiques accompagnent les catastrophes naturelles, les épidémies, les désordres terroristes. L’aide apportée est massive et se veut de courte durée, les responsabilités locales étant censées reprendre en main l’après-crise, une fois maîtrisés les évènements qui les ont mises en danger.
  • L’aide au développement n’est généralement pas liée aux catastrophes précédentes. Elle s’appuie sur des interlocuteurs stables, tant gouvernementaux que locaux, susceptibles de recevoir des dons et de contracter des emprunts. Grâce à eux, formation, conseils et accompagnement accélèreront la réalisation d’infrastructures et la mise en place de nouveaux services rendus à la population. La durée des opérations est longue (plusieurs années). Toute une démarche de progrès tente de s’établir en s’adaptant, autant que faire se peut, aux résultats acquis. 

Les acteurs de l’urgence ne sont pas les mêmes que ceux du développement. Ils se connaissent peu, n’interviennent pas à la même époque, n’utilisent pas les mêmes canaux et procédures administratives et financières. Enfin, ils ne cherchent pas à construire un climat de confiance (souhait qu’ils ont en commun) avec les mêmes interlocuteurs.

Un long délai sépare leurs interventions respectives. Ainsi les bienfaits immédiats des urgentistes s’estompent rapidement et ne sont guère disponibles pour le développement qui tarde à leur succéder. Les agents du développement sont amenés à tout reprendre à zéro ou presque. 

Inversement, la pérennité des réalisations de développement est souvent affaiblie, voire annulée par la fragilité, le manque de sécurité de l’exploitation des ouvrages, l’insuffisance opérationnelle des services. Lorsqu’une telle situation perdure, elle entraîne un nouveau besoin d’intervention extérieure urgente, brusque et massive afin de tenter de juguler un péril imminent. 

Pierre-Frédéric Ténière-Buchot

Le présent article est issu des échanges qui eurent lieu lors du webinaire « L’urgence et le développement : ce qu’il resterait à faire », organisé par le think tank (Re)sources le 30 Avril 2021. 

Retrouvez l’article intégral en français en cliquant ici

Cet article est issu de réflexions qui furent partagées lors d’un webinaire, accessible en vidéo ici

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