URBANISATION DES PAYS EN DEVELOPPEMENT : QUELLES IMPLICATIONS POUR LA PAUVRETE ET POUR L’ENVIRONNEMENT ? ( Paris )

Au cours des dernières décennies, les pays en développement ont dû faire face à une très forte accélération de l’urbanisation. Ce développement urbain, sans précédent, reste aujourd’hui largement subi, difficilement planifié par les acteurs urbains, qui font face à des responsabilités croissantes sans disposer de ressources financières et humaines suffisantes.

Les grands défis auxquels sont confrontées les villes en développement sont pluridimentionnels : l’amélioration des conditions de vie des populations urbaines, dépendantes de leur accès aux services essentiels – l’accès à l’eau, l’assainissement des eaux usées, l’accès à l’électricité, est liée à des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. 

Alors que les aires urbaines des pays en développement devraient doubler d’ici à 2030, comment préparer un avenir urbain durable ?

« Les quartiers précaires sont confrontés à trois types d’exclusions : foncière, sociale et urbaine, qui se nourrissent les unes les autres. L’enjeu premier des projets d’amélioration est de stopper ce cercle vicieux pour enclencher un cercle vertueux de développement. Tout ne pouvant être fait en même temps, il faut hiérarchiser les besoins. Mais il est sûr qu’il faut intégrer ces quartiers juridiquement et les équiper, ce qui n’est possible que s’ils sont reconnus ». 

Guillaume Josse, urbaniste, Directeur Groupe Huit

« A Ouagadougou, l’autorité municipale a pris les choses en main et mène avec l’aide de l’AFD un grand projet d’amélioration des conditions de vie des habitants des quartiers « spontanés ». Il s’agit en premier lieu d’y amener l’eau potable et de procéder au relotissement, car l’objectif de tous est d’avoir un papier qui permet d’attester où on habite. Pour que l’ensemble des communes urbaines du Burkina Faso entrent dans cette dynamique, une commission nationale de la décentralisation a été mise en place ». 

Simon Compaoré, maire de Ouagadougou

« Un renforcement massif de la solidarité internationale – hélas bridée par la situation économique et financière mondiale – est nécessaire, tant les efforts à faire sont importants dans les villes du Sud. Les efforts doivent aussi porter sur la transparence et l’efficacité de l’aide. La montée en puissance des pays émergents sur le terrain de la coopération crée quelques doutes. De même, il est important que l’aide au développement et les ONG ne se concentrent pas que sur les grandes capitales, mais aussi sur les villes moyennes, où les populations croissent tout autant. Les réussites doivent être montrées et les solidarités entre les hommes sur le terrain connues. Toutes ces réalités doivent être partagées, popularisées. C’est aussi le rôle des médias ». 

Charles Josselin,  ancien ministre de la Coopération, ancien Président du Conseil Général des Côtes d’Armor

« A UN-Habitat, nous poussons pour une systématisation de la planification urbaine. En Afrique, les droits au sol sont variés et ne sauraient se limiter au droit de propriété. Par exemple, plusieurs pays adoptent et reconnaissent les certificats d’occuper, les permis d’habiter, les factures d’eau et d’électricité, les « petits papiers » comme des documents qui donnent droits à la ville, donc à la vie. Ces solutions quoiqu’intermédiaires permettent aux populations d’envisager leur avenir en ville ». 

Alioune Badiane, Directeur du Bureau des Projets, UN-Habitat

« Historiquement conçues comme des places défensives et d’échanges, les villes se sont installées dans des zones stratégiques, près des rivières, à proximité des côtes, dans des vallées, donc dans des zones à risques. Facteur aggravant, les populations pauvres ont colonisé les espaces potentiellement les plus dangereux dans et autour de ces villes ».

François Grünewald, Directeur général et scientifique, Groupe URD

INTERVENANTS

Alioune Badiane, directeur du Bureau central des Projets, UN-Habitat

François Grunewald, directeur général et scientifique, Groupe URD

Charles Josselin, ancien ministre de la Coopération, ancien Président du Conseil Général des Côtes d’Armor, membre de (Re)sources

Guillaume Josse, géographe- urbaniste, Directeur général du bureau d’études Groupe Huit

Simon Compaoré, maire de Ouagadougou, Burkina Faso

Modérateur :

Bernard de La Villardière, journaliste (M6), producteur (Ligne de Front), membre de (Re)sources

Lire le compte-rendu de la table ronde

Lire la tribune de Charles Josselin

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