Conférence de l’ONU : l’humanité est en train d’épuiser « goutte après goutte » l’eau, s’alarme Antonio Guterres

Près de 6 500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’Etat et de gouvernement, sont réunis de mercredi à vendredi pour une conférence des Nations unies sur l’eau.

« L’humanité s’est engagée aveuglément sur un chemin périlleux. » Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a tiré la sonnette d’alarme avant le début, mercredi 22 mars, d’une conférence des Nations unies sur l’eau à New York. Elle doit permettre d’apporter une réponse aux besoins de milliards de personnes en danger face à une crise mondiale de l’eau « imminente », selon le rapport de l’ONU-Eau et de l’Unesco publié mardi, à la veille de la Journée mondiale de l’eau.

Pour tenter d’inverser la tendance et espérer garantir, d’ici à 2030, l’accès pour tous à de l’eau potable ou à des toilettes, objectifs fixés en 2015, quelque 6 500 participants se réunissent jusqu’à vendredi. Parmi eux figurent une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’Etat et de gouvernement.

« Nous en subissons tous les conséquences »

« Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité », a martelé Antonio Guterres en conférence de presse.

Des situations dramatiques (manque d’eau, surplus, inondations, eau contaminée) sont légion dans de nombreux endroits de la planète. Et « nous en subissons tous les conséquences », assure Antonio Guterres. « Combien de personnes seront touchées par cette crise mondiale de l’eau est une question de scénario », explique à l’AFP l’auteur principal du rapport, Richard Connor.

« Si rien n’est fait, entre 40 et 50% de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d’assainissement et environ 20-25% à de l’eau potable. »

Richard Connor, auteur principal du rapport de l’ONU-Eau et de l’Unesco

à l’AFP

Dans un monde où, lors des 40 dernières années, l’utilisation de l’eau douce a augmenté de près de 1% par an, le rapport de l’ONU-Eau met en premier lieu en avant les pénuries d’eau qui « tendent à se généraliser » et à s’aggraver avec l’impact du réchauffement. Ainsi, environ 10% de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique. Selon le rapport des experts climat de l’ONU (Giec) publié lundi, « environ la moitié de la population mondiale » subit de « graves » pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.

Deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée

Au problème majeur : la contamination de l’eau disponible, en raison de l’absence ou des carences des systèmes d’assainissement. Au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. Les pollutions provoquées par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux sont aussi pointées du doigt.

La situation met également en lumière les inégalités. « Où que vous soyez, si vous êtes assez riches, vous arriverez à avoir de l’eau, note Richard Connor, plus vous êtes pauvres, plus vous êtes vulnérables à ces crises ». « Nous avons brisé le cycle de l’eau », résume à l’AFP Henk Ovink, envoyé spécial pour l’eau des Pays-Bas. « Nous devons agir maintenant parce que l’insécurité liée à l’eau sape la sécurité alimentaire, la santé, la sécurité énergétique ou le développement urbain et les problèmes sociaux », a-t-il ajouté. « C’est maintenant ou jamais, l’opportunité d’une génération. »

 

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